En 635, l’’évêque d’Auxerre, Pallade, fait don de la « terre de Clamecy » aux moines de l’abbaye de Saint Julien. Vers 800, l’établissement des moines a prospéré : Clamecy est érigée en paroisse. Une église, dédiée à Saint Potentien, est bâtie à l’emplacement de l’actuel lieu de culte. En 1075, le vicomte Guy, institue un collège de huit chanoines pour en gérer les biens : une collégiale est née.
A la fin du 12° siècle ou au début du 13°, débute la construction de l’édifice actuel. Il est de style gothique et, jusqu’au 15° siècle, nous ne connaissons pas les étapes de sa construction. Mais en « l’an 1437 fut faicte la charpenterie du dessus de la nef » et en 1438, elle est placée sous le vocable de saint Martin.
En 1497, sous la direction du clamecycois Pierre Cuvé dit Balduc, commence la construction de la tour, entièrement financée par les habitants. Le calcaire est tiré des carrières de Basseville proches de Clamecy. Achevée en 1515, haute de 55 mètres, elle ressemble beaucoup à celle de la cathédrale de Nevers.
Ici, comme pour la façade et le portail dont l’édification commença dès la fin des travaux de la tour, c’est le gothique flamboyant qui s’imposa. La qualité, la finesse, la variété de leur décoration, justifient l’expression « dentelle de pierre » souvent utilisée pour les décrire.
Le portail est surmonté de quatre voussures qui illustrent, en 32 scènes sculptées, la vie de saint Martin (voir doc. 4). Il est encadré par des niches surmontées de dais, jamais pourvues de statues. Son soubassement est orné d’arcatures décorées de sibylles et d’apôtres. L’entrée est close par deux vantaux Renaissance.
En 1530, le roi François I°, visitant la collégiale s’écria : « Voilà une belle ratoire ! » en s’apercevant que les piliers à gauche du chœur fléchissaient dangereusement. Pour éviter un drame il finança l’installation de poutres et de traverses. Le superbe jubé, offert en 1525, par le chanoine Colas était peut être responsable de cette menace.
La Révolution dispersa les chanoines, provoqua la mutilation des statues du portail et ordre fut donné de détruire la tour. Heureusement, quelqu’un proposa de casser simplement les gargouilles et d’attendre que l’infiltration des eaux provoque la destruction de l’édifice. Après la chute des Montagnards, des chenaux permirent de sauver la tour. Depuis cette époque, elle est surmontée d’un drapeau tricolore, symbole d’unité nationale.
En 1847, Eugène Viollet-le-Duc mena une campagne de restauration qui sauva le bâtiment. Un faux jubé permit de faire disparaître les étais de François I°. Les gargouilles furent refaites sur les modèles originaux, la toiture qui couvrait la tour disparut et une rosace remplaça la fenêtre surmontant le portail.
En 1851, voulant sonner le tocsin pour regrouper les opposants au coup d’Etat de Louis Napoléon Bonaparte, les Républicains attaquèrent les portes à coups de hache. Le 16 juin 1940, les combats pour la défense de Clamecy provoquèrent la chute des gargouilles de Viollet-le-Duc qui furent remplacées, à partir de 1943, par celles de Robert Pouyaud (voir doc.5).
Aujourd’hui, grâce aux campagnes de restauration menées de 1990 à 2007, vous pouvez admirer tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, un monument parfaitement réhabilité. Profitez-en !